Une ou trois femmes ?

Dans l’évangile, trois femmes sont mentionnées dans des circonstances différentes :

  • La pécheresse pardonnée, dont nous parle saint Luc dans le chapitre 7,
  • Marie de Béthanie, sœur de Marthe et de Lazare,
  • Marie de Magdala.

La tradition orientale a toujours maintenu la distinction des trois, mais la tradition occidentale à partir de Grégoire le Grand (VIème siècle) a reconnu officiellement une seule femme dans ces trois figures, Marie-Madeleine. Et l’Église a accepté paisiblement cette tradition durant des siècles : Faillon dresse une liste de plus de 90 Pères et Docteurs latins et grecs du IIème au XVème siècle, contre à peine une quinzaine de partisans de la distinction. Depuis Vatican II, le texte liturgique pour la fête de Marie-Madeleine n’est plus la pécheresse pardonnée mais l’apparition du Ressuscité à Marie de Magdala, l’Église laisse donc les croyants libres de leur opinion sur ce point.

Le but de cet exposé n’est pas d’imposer un point de vue, mais simplement de faire un point sur les arguments exégétiques (c’est-à-à dire liés à l’étude du texte) et psychologiques de part et d’autres, dans l’optique d’un sain débat.

La principale objection à l’unité

 

Pourquoi les évangélistes ne font pas de façon explicite cette identification, par une phrase qui résoudrait tout mystère ? Pour la pécheresse pardonnée n’est-elle pas nommée ? Pourquoi parfois simplement une Marie vivant à Béthanie, et parfois une Marie de Magdala ?

Nous verrons plus loin que l’anonymat de la pécheresse peut s’expliquer. Quant aux deux dénominations, la tradition nous dit que Marie-Madeleine était la sœur de Marthe, et vivait initialement à Béthanie, à côté de Jérusalem, puis qu’elle serait partie à Magdala, loin de Jérusalem et proche de la cour d’Hérode pour mener une vie dissolue. Magdala avait la réputation d’une cité « mal famée ».

Cela explique qu’il y ait deux dénominations, mais pas le fait que les évangélistes n’identifient jamais clairement Marie de Béthanie et Marie de Magdala de façon explicite. D’autres éléments néanmoins permettent cette identification.

 

Pour bien poser le problème, les Evangiles nous parlent de deux onctions du Christ par une femme :

  • L’onction de la pécheresse pardonnée : Luc chapitre 7, versets 36 à 50. Elle a lieu au début de la vie publique du Christ. C’est une des premières manifestations de la divinité du Christ vu qu’il pardonne publiquement les péchés de cette femme, ce que seul Dieu peut faire.
  • L’onction de Béthanie, par Marie de Béthanie, qui est racontée dans Marc chapitre 14, versets 1 à 9 et Jean chapitre 12, versets 1 à 8. Même s’il y a des similitudes évidentes avec l’onction de la pécheresse, le contexte est radicalement différent vu que l’on est juste avant la Passion, et que cette onction a une signification messianique (reconnaître officiellement le Christ comme Messie, « Oint du Seigneur » avant son entrée à Jérusalem) et funéraire (préparer sa sépulture). On n’est plus dans la démarche de conversion de la première onction.

Nous vous invitons à lire ces trois récits avant d’aller plus loin.

La pécheresse pardonnée

L’Évangile – Lc 7, 36-50

Un pharisien avait invité Jésus à manger avec lui. Jésus entra chez lui et prit place à table. Survint une femme de la ville, une pécheresse. Elle avait appris que Jésus mangeait chez le pharisien, et elle apportait un vase précieux plein de parfum. Tout en pleurs, elle se tenait derrière lui, à ses pieds, et ses larmes mouillaient les pieds de Jésus. Elle les essuyait avec ses cheveux, les couvrait de baisers et y versait le parfum.

En voyant cela, le pharisien qui avait invité Jésus se dit en lui-même : « Si cet homme était prophète, il saurait qui est cette femme qui le touche, et ce qu’elle est : une pécheresse. » Jésus prit la parole : « Simon, j’ai quelque chose à te dire. – Parle, Maître. » Jésus reprit : « Un créancier avait deux débiteurs ; le premier lui devait cinq cents pièces d’argent, l’autre cinquante. Comme ni l’un ni l’autre ne pouvait rembourser, il remit à tous deux leur dette. Lequel des deux l’aimera davantage ? » Simon répondit : « C’est celui à qui il a remis davantage, il me semble. — Tu as raison », lui dit Jésus.

Il se tourna vers la femme, en disant à Simon : « Tu vois cette femme ? Je suis entré chez toi, et tu ne m’as pas versé d’eau sur les pieds ; elle, elle les a mouillés de ses larmes et essuyés avec ses cheveux. Tu ne m’as pas embrassé ; elle, depuis son entrée, elle n’a pas cessé d’embrasser mes pieds. Tu ne m’as pas versé de parfum sur la tête ; elle, elle m’a versé un parfum précieux sur les pieds. Je te le dis : si ses péchés, ses nombreux péchés, sont pardonnés, c’est à cause de son grand amour. Mais celui à qui on pardonne peu montre peu d’amour. »

Puis il s’adressa à la femme : « Tes péchés sont pardonnés. » Les invités se dirent : « Qui est cet homme, qui va jusqu’à pardonner les péchés ? » Jésus dit alors à la femme : « Ta foi t’a sauvée. Va en paix ! »

L'onction de Béthanie, par Marc

L’Évangile – Mc 14, 3-9

Jésus se trouvait à Béthanie, dans la maison de Simon le lépreux. Pendant qu’il était à table, une femme entra, avec un flacon d’albâtre contenant un parfum très pur et de grande valeur. Brisant le flacon, elle lui versa le parfum sur la tête. Or, de leur côté, quelques-uns s’indignaient : « À quoi bon gaspiller ce parfum ? On aurait pu, en effet, le vendre pour plus de trois cents pièces d’argent, que l’on aurait données aux pauvres. » Et ils la rudoyaient. Mais Jésus leur dit : « Laissez-la ! Pourquoi la tourmenter ? Il est beau, le geste qu’elle a fait envers moi. Des pauvres, vous en aurez toujours avec vous, et, quand vous le voulez, vous pouvez leur faire du bien ; mais moi, vous ne m’aurez pas toujours. Ce qu’elle pouvait faire, elle l’a fait. D’avance elle a parfumé mon corps pour mon ensevelissement. Amen, je vous le dis : partout où l’Évangile sera proclamé – dans le monde entier –, on racontera, en souvenir d’elle, ce qu’elle vient de faire. »

L'onction de Béthanie, par Jean

L’Évangile – Jn 12, 1-11

Six jours avant la Pâque, Jésus vint à Béthanie où habitait Lazare, celui qu’il avait ressuscité d’entre les morts. On donna un repas en l’honneur de Jésus. Marthe faisait le service, Lazare était avec Jésus parmi les convives. Or, Marie avait pris une livre d’un parfum très pur et de très grande valeur ; elle versa le parfum sur les pieds de Jésus, qu’elle essuya avec ses cheveux ; la maison fut remplie par l’odeur du parfum. Judas Iscariote, l’un des disciples, celui qui allait le livrer, dit alors : « Pourquoi n’a-t-on pas vendu ce parfum pour trois cents pièces d’argent, que l’on aurait données à des pauvres ? » Il parla ainsi, non parce qu’il se préoccupait des pauvres, mais parce que c’était un voleur : comme il tenait la bourse commune, il prenait pour lui ce que l’on y mettait. Jésus lui dit : « Laisse-la ! Il fallait qu’elle garde ce parfum pour le jour de mon ensevelissement. Des pauvres, vous en aurez toujours avec vous, mais moi, vous ne m’aurez pas toujours. » Or, une grande foule de Juifs apprit que Jésus était là, et ils arrivèrent, non seulement à cause de Jésus, mais aussi pour voir ce Lazare qu’il avait ressuscité d’entre les morts. Les chefs des prêtres décidèrent alors de faire mourir aussi Lazare, 11 parce que beaucoup de Juifs, à cause de lui, s’en allaient, et croyaient en Jésus.

La pécheresse pardonnée et Marie de Béthanie

C’est saint Jean qui révèle le nom de cette pécheresse dans un verset sans ambiguïté : Jean chapitre 11, verset 2 « Marie était celle qui avait oint le Seigneur et avait essuyé ses pieds avec ses cheveux, dont le frère était malade ». Jean raconte plus une autre onction dans son évangile, dans le chapitre 12, l’onction de Béthanie. Mais cette onction se déroule ensuite.

Certains ont bien essayé de dire qu’il s’agissait de cette onction-là, mais saint Jean utilise l’imparfait et le participe aoriste substantivé. C’est un temps du grec ancien qui marque que l’action est passée. Il se rapproche du « plus-que-parfait » en français.

Il est difficile de croire qu’il a pu se tromper car lorsqu’on étudie le texte de saint Jean, il sait employer le passé pour le passé et le futur pour le futur… Exemples : Jean chapitre 1, verset 40 : « André, le frère de Simon-Pierre, était l’un des deux disciples qui avaient entendu la parole de Jean et qui avaient suivi Jésus. », mais aussi Jean chapitre 18, verset 14 : « Caïphe était celui qui avait donné aux Juifs ce conseil : « Il vaut mieux qu’un seul homme meure pour le peuple. » ». A chaque fois, la même structure correcte – imparfait et le participe aoriste subsantivé – veut dire la même chose. Donc l’idée de voir en saint Jean un analphabète grec n’est pas sérieuse.

De plus cette phrase a un sens si elle nous donne une indication sur l’identité de Marie de Béthanie, mais sinon quel est l’intérêt de préciser que Marie est celle qui oint Jésus dans le chapitre suivant ? Il suffit que le lecteur continue à lire une page de plus pour s’en rendre compte…

Si l’onction dont parle Saint Jean est passée, et manifestement désignée comme quelque chose de connue, il faut la chercher la chercher ailleurs, et donc dans les évangiles synoptiques écrits avant saint Jean, et que ce dernier connaissait bien. L’onction que raconte Marc est aussi l’onction de Béthanie que Jean raconte dans le chapitre 12, donc il ne reste que l’onction de la pécheresse.

Au passage, ce n’est pas la seule fois que saint Jean révèle l’identité d’une personne cachée dans les synoptiques. Exemple : Jean chapitre 18, verset 10 : « Or Simon-Pierre avait une épée ; il la tira, frappa le serviteur du grand prêtre et lui coupa l’oreille droite. Le nom de ce serviteur était Malcus. » alors que Marc est beaucoup plus évasif (Marc chapitre 14, verset 47 : « Or un de ceux qui étaient là tira son épée, frappa le serviteur du grand prêtre et lui trancha l’oreille. »). C’est facile à comprendre lorsque l’on se rappelle que les synoptiques (écrits vers les années 45-60) ont été rédigés bien avant l’Evangile de saint Jean (écrit entre 80 et 110). A l’époque de Marc, Luc et Matthieu, les principaux protagonistes étaient vivants, et cela n’aurait pas été très charitable de la part de Marc de dénoncer Pierre comme celui qui tranche l’oreille de Malcus, le serviteur du grand prêtre : cela lui aurait fait courir un grand danger pour sa vie.

De même, Marie-Madeleine était vivante du temps de Luc et on peut voir un acte de délicatesse de sa part de ne pas la désigner clairement comme la pécheresse publique. Saint Jean, qui écrit bien plus tard, n’a plus à avoir les mêmes considérations, et l’un des buts de son évangile est de compléter les synoptiques. C’est pourquoi il ne raconte pas certains épisodes considérés comme connus (ex : l’institution de la Cène) mais les complète (discours sur l’eucharistie en Jean chapitre 6 ou le lavement des pieds dans le récit du jeudi saint).

Bref, l’identification de Marie de Béthanie à la pécheresse fait peu de place au doute. Au reste, même si le sens des deux onctions est bien différent pour les raisons déjà mentionnées, les similitudes dans ces deux gestes pourtant hors normes seraient déjà bien suffisantes pour se douter qu’il s’agisse d’une seule et même personne.

L’identification de Marie de Béthanie à Marie de Magdala par contre n’est pas explicite, même si là encore l’évangile de saint Jean semble aller dans ce sens.

Marie de Béthanie et Marie de Magdala

Cette possible identification se trouve dans un verset que les traducteurs ont bien du mal à interpréter, Jean chapitre 12, verset 7 : « Jésus dit : laisse-là, qu’elle le garde pour le jour de ma sépulture ». Le verbe grec a le sens de « garder, réserver, mettre à part ». L’emploi du subjonctif en grec exclue entièrement que l’action ait eu lieu, contrairement à la vision que développe saint Marc (pour rappel en Marc chapitre 14, verset 8 « D’avance elle a parfumé mon corps pour mon ensevelissement.») Les traductions souvent tentent d’harmoniser de force ces deux versets mais si on prend l’évangile de Jean tel qu’il se présente, Jésus donne un ordre, un droit, une mission à Marie-Madeleine : accomplir plus tard sa sépulture. Elle doit mettre à part le parfum pour le jour de sa mort, qui est proche (une semaine plus tard).

Cela permettrait de comprendre pourquoi Marie de Magdala est là, au matin de Pâques, à la première heure, pour embaumer le corps du Christ et pourquoi elle est effondrée de ne pas trouver le corps du Christ : c’est la dernière mission qu’Il lui a confiée, c’est tout ce qui lui reste, et elle veut l’accomplir jusqu’au bout.

Reste néanmoins une ambiguïté : Jésus dans dit de garder ce parfum-là pour le jour de sa sépulture. Or, a priori, tout le parfum est répandu, sinon Judas n’aurait pas récriminé. Alors comment Jésus peut-il lui demander de mettre en réserve ce parfum-là pour sa sépulture s’il est déjà versé sur sa tête et ses pieds ? À vrai dire, elle n’en aura pas besoin vu que c’est le Christ ressuscité qui lui apparaîtra mais l’ordre reste étrange.

Si on se refuse d’identifier Marie de Béthanie à Marie de Magdala, un autre mystère apparaît : comment se fait-il que la famille de Béthanie (Marthe, Marie et Lazare) avec laquelle Jésus entretient des liens si proches (il suffit de lire le récit de la résurrection de Lazare dans Jean chapitre 11) et habitant si proches de Jérusalem (Béthanie est à moins de 3 kilomètres de Jérusalem) soit complètement absente des récits de la Passion et de la Résurrection ? Surtout quand on se rappelle que l’onction de Béthanie a lieu juste avant le dimanche des Rameaux, et qu’elle a entraîné la crucifixion du Christ ? Judas a en effet décidé la trahison du Christ après ce geste, comme nous le raconte saint Marc et saint Jean… De même que la résurrection de Lazare a précipité la décision des prêtres de crucifier Jésus… Bien contre sa volonté, la famille de Béthanie est complètement impliquée dans le drame de la mort du Christ. Nous pouvons imaginer qu’ils aient partagé la lâcheté des apôtres lors de la Passion : où sont-ils alors après la Résurrection ?

Au reste, l’Évangile selon saint Matthieu semble confirmer cette identification de Marie de Béthanie à Marie-Madeleine. En effet l’évangéliste utilise deux fois l’expression « Marie-Madeleine et l’autre Marie » (dans Mt 27, 61 et Mt 28,1) ce qui veut dire que la seconde Marie est clairement identifiable. Or, en dehors de la Vierge Marie, les évangélistes ne connaissent que deux Maries : Marie de Magdala et Marie de Cléophas (du nom de son époux) et mère de Jacques et Joseph (Mt 27,56 – Mc 15,40 – Mc 15,47 – Lc 24,10 – Mc 16,1  – Jn 19,25). S’il y avait une troisième Marie, Marie de Béthanie, distincte de Marie-Madeleine, le langage de l’évangéliste serait incompréhensible, surtout que les différents épisodes la présentent comme étant très proches du Seigneur.

Les rapprochements de caractère et de situation

Nous n’avons abordé pour le moment que les arguments exégétiques, il faudrait aussi parler plus profondément des arguments psychologiques : des traits de caractères exceptionnels se retrouvent dans ces trois figures.

  • Il nous est dit que Marie de Magdala a été délivrée de 7 démons (Luc chapitre 8, verset 1 à 2 : « Ensuite, il arriva que Jésus, passant à travers villes et villages, proclamait et annonçait la Bonne Nouvelle du règne de Dieu. Les Douze l’accompagnaient, ainsi que des femmes qui avaient été guéries de maladies et d’esprits mauvais : Marie, appelée Madeleine, de laquelle étaient sortis sept démons, Jeanne, femme de Kouza, intendant d’Hérode, Suzanne, et beaucoup d’autres, qui les servaient en prenant sur leurs ressources. »). Ce chiffre 7 n’est jamais innocent dans la Bible, c’est le chiffre de la Création, de la plénitude. Les pères de l’Eglise y ont vu les 7 péchés capitaux. Sans nier la réalité de la possession qu’a pu subir Marie, c’est aussi sans doute une façon de dire qu’elle était totalement sous l’emprise du péché. C’est donc une conversion radicale que Marie de Magdala a vécue grâce au Christ, comme la pècheresse que mentionne Luc.
  • Marie de Béthanie et Marie de Magdala ont une relation avec le Christ très profonde : Jésus est l’ami proche de Marthe, Marie et Lazare, et Marie de Magdala appelle Jésus « Rabbouni » (petit maître), ce qui dénote une relation fait à la fois d’adoration et d’intimité très forte. Pour l’anecdote cela fait écho au passage où Marthe dit à Marie-Madeleine, en parlant du Christ « Le maître est là et il t’appelle » (Jean chapitre 11, verset 28). Mais cette intimité n’est pas de la familiarité, elle est toute empreinte de vénération de la part de Marie-Madeleine : la pécheresse pardonnée est au pied de Jésus, comme Marie de Béthanie écoutant sa parole.
  • Des traits de caractères hors du commun se retrouvent. On peut noter une très grande spontanéité dans sa manière d’agir : la pécheresse se place au pied du Christ, en public, pour sa première onction et les essuie avec ses cheveux – geste peu banal -, à l’instar de Marie de Béthanie pour la seconde onction ; et Marie de Magdala se jette aussi fougueusement à ses pieds à la Résurrection, au point que le Christ soit obligé de lui dire : « ne me touche pas ». De plus, elles déploient une sensibilité et une expressivité dans l’émotion complètement hors norme : la pécheresse nettoie les pieds de Jésus avec ses larmes, ce qui laisse songeur quant à leur quantité, et Marie de Magdala est tout en pleurs le matin de la Résurrection…. Ces larmes si abondantes nous ont d’ailleurs valu l’expression « pleurer comme une madeleine » !
  • Enfin, au niveau matériel, Marie de Béthanie et Marie de Magdala sont des femmes de la haute société. Pour Marie de Béthanie, cela est montré par le prix du nard qu’elle dépose au pied du Christ (une livre – soit environ 500g – de nard pistique, l’équivalent de 300 journées de travail ! Comme si l’on vidait un grand flacon de Chanel n°5 au pied d’un ami) ; quant à Marie de Magdala, elle est mentionnée avant la femme de l’intendant d’Hérode parmi les femmes qui assistaient les apôtres de leurs ressources. Il s’agit donc de femmes exceptionnellement riches, et sans doute cultivées.

Avant même les arguments exégétiques, c’est cette concordance dans des caractéristiques pourtant extraordinaires – et dans leur relation au Christ – qui a poussé l’Eglise à ne voir qu’une seule femme, ainsi que la cohérence du récit évangélique qui fait apparaître ces 3 figures de manière harmonieuse, que ce soit dans les lieux et les dates.

Quelques mots pour conclure…

Ces quelques points esquissent les raisons objectives de croire en l’unité de ces trois femmes, mais montrent aussi qu’il est impossible de trancher le débat de manière définitive. Dans ce domaine, la conscience des croyants reste libre ; une fois épuisés les arguments exégétiques et psychologiques, c’est par le cœur qu’il reste à découvrir Marie-Madeleine. C’est ce à quoi nous vous invitons à la Sainte-Baume.

Pour aller plus loin :

Frère Silly, o.p., Revue Thomiste n°117.

Marie-Madeleine, de Raymond-Léopold Bruckberger, Éd. Albin Michel.